Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ce blog a été éliminé
6 mars 2008

La clinique

Je me souviens... Noël 2007
Comme mon bébé est trop petit encore pour faire le voyage, pas de fêtes aux Pays-Bas
Alors on va chez les beaux-parents
(oui, j'entends vos réactions jusqu'ici)
ma fille est contente: ça compte aussi.

J'arrive à esquiver les attaques de la belle-mère et les querelles de famille.
Et j'ai encore une carte dans mon jeu:

mon bébé a une légère dysplasie des hanches
et voilà que j'ai pris un rendez-vous chez un spécialiste dans la banlieue de Paris
pour le lendemain de Noël.
{"Comme c'est dommage - je peux vraiment pas faire autrement - c'est très spécifique vous savez - des spécialistes des hanches pour nourisson ça court pas les rues - encore heureux qu'il m'a trouvé un trou dans son planning - .... "}

Mon beau-frère a d'ailleurs eu la même idée et il a fait encore plus fort:
il part le jour de Noël à Lyon pour y amener sa voiture au garage...

Alors le lendemain de Noël, me voilà en route pour Melun.
Je n'aime pas beaucoup ces réunions de famille bruyantes.
Alors ça fait du bien d'être partie sur la route toute seule,
avec juste un peu de musique à la radio
(pas trop fort--risque de hurlements sur la banquette arrière...)

La clinique est superbe.
Vraiment superbe.
Elle a l'allure d'une clinique suisse, tu vois, de ces cliniques qu'on voit en général seulement à la télé,
où tu peux te refaire faire les seins pour dix mille euros
tout en étant comme à l'hôtel.
Ah, je m'y vois déjà, c'est con que ce n'est pas pour mes hanches à moi (...).

{Et c'est drôle, je ne pense pas du tout au chèque que je vais y laisser en partant.}

J'attends dans la salle d'attente.
Sur un beau canapé en cuir, bien sûr.
Les secrétaires sont belles comme des top modèles
et leur banque est faite dans un magnifique bois de racine.
En fait je m'y attends qu'on m'amène le café, mais non.

J'ai rendez-vous à une heure et demie.
Mais, à l'heure dite, personne ne m'appelle.
C'est seulement vers deux heures que les chirurgiens reviennent tous de leur déjeuner, on me dit.
Mais le canapé est confortable, je suis bien, je savoure, je rêve,
et, je ne le sais pas encore, l'attente en vaut le coup.

A deux heures dix ils arrivent, les chirurgiens.
Et voilà, eux aussi, dignes d'une clinique suisse.   {j'suis plus du tout à Melun là}
Ils sont, sans exception, grands, beaux, et surtout très bien habillés...
(putain, je me redis que c'est con que je ne suis pas là pour mes hanches à moi...)

Un de ces beaux hommes m'appelle par mon nom.
Je me lève et je le suis dans le couloir.   {j'suis prète à laisser le bébé dans la salle d'attente}
Arrivé à son bureau il me fait passer devant -- ces hommes-là ont de la classe, naturellement.

A l'intérieur encore des fauteuils en cuir, un somptueux bureau en bois, des plantes vertes, des petits statues,
et surtout une belle table d'auscultation en cuir.
Une fois installés sur les fauteuils je le regarde plus attentivement.
Il est grand, il a des grandes mèches blondes et des yeux bleus.
Il porte un beau costume gris anthracite, bien taillé, et une chemise bleu clair.
Un instant on se regarde droit dans les yeux,
puis il prend les radiographies de mon bébé.

Il me demande de le déshabiller, et
avant de me demander si mon bébé va faire pipi sur la table en cuir
je me dis
que j'ai bien fait de mettre ce pantalon taille basse
qui met bien mes hanches en valeur    {et mes fesses}
c'est un docteur des hanches après tout.

Il manipule les jambes fines de mon bébé comme si c'était de l'élastique
et moi je lui fais une confiance aveugle,
{des beaux chirurgiens dans une clinique pareille peuvent être que compétent...}
en me penchant un peu plus sur la table d'auscultation.

Il me dit que la dysplasie est presque partie
et qu'il va juste falloir lui faire des étirements des jambes.
Il me montre comment faire et me demande de le faire moi-même.
J'appuie mes deux mains sur les cuisses toutes maigres de mon nourisson qui est né avec le corps chétif d'un marathonien.

Tout d'un coup il pose ses mains sur les miennes
sa peau est douce
ses mains sont chaudes
on reste un instant comme ça
sans bouger
ses beaux yeux bleus dans les miens.

Le soleil brille sur mon visage quand je sors de la clinique.
Un jour de Noël dont je me souviendrai.

Et oui, j'ai laissé un très gros chèque sur la superbe banque en bois de racine.

Publicité
Commentaires
C
Ah, tu me connais...
M
Bravo. Un récit très très vertueux...<br /> Bon d'accord je me tais.
Ce blog a été éliminé
Publicité
Publicité