Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ce blog a été éliminé
18 juin 2009

Le concours du bikini

Aujourd'hui je participe à un concours. Un concours de Pierre-Jean, rien que pour les filles. Le règlement est , en gros il faut raconter une histoire de maillot de bain. Comme je n'ai aucune espoir de gagner et donc d'être publié chez soblacktie, je la publie sur mon blog, au moins je ne l'ai pas écrite pour rien.

centro1Août 2001. J'habite pour quelques mois à Fortaleza, au Brésil. Je viens de me disputer avec un copain qui, comme brésilien propre, me laisse immédiatement seule, et disparaît dans la foule du centre ville. Contrarié je fonce vers le marché couvert, où j'ai une copine qui tient un stand de vêtements. Je n'ai pas envie de rentrer tout de suite chez senhora Jovina, où j'habite. Car je connais leurs après-midis: ils sont tous assis en demi-cercle devant la télé qui envoit éternellement des séries brésiliennes. La télé est allumée à sept heures du matin, et éteint vers dix heures et demi, onze heures du soir.

Je traverse la route qui borde le marché sans trop regarder et je manque de me faire tuer par un des nombreux moto-taxis, qui s'arrête de justesse contre ma jambe. Derrière son casque le chauffeur me dit quelque chose que je n'entends pas, et il me contourne pour poursuivre sa route. Je tremble de partout.

Je traverse le marché. Il y a une partie non-couverte, où il y a aussi des tables sur lesquelles on peut jouer aux échecs. Et il y a la partie couverte. Fortaleza étant une ville d'industrie de textile, on y vend beaucoup de vêtements. Des vêtements d'été, bien entendu, Fortaleza se trouvant qu'à, je crois, 300km de l'équateur. Je dois dire que les vêtements ne coûtent pas cher du tout et que je suis partie au Brésil sans emporter beaucoup de chez moi: je porte des vêtements achetés sur le marché local. Car la mode d'été et de la plage est très développée à Fortaleza, et comme c'est très différent de ce qu'on peut trouver en Europe, j'aime beaucoup.

Avant d'aller voir ma copine je fais un tour sur le marché. J'achète un haut, dos nu, avec un superbe ananas très brillant devant. Un vêtement que je ne trouverai jamais en France. Et je passe devant un stand avec des maillots. Il y en a des centaines. La présentation du stand est en contradiction avec les très beaux bikinis en tissu de qualité, des modèles qu'on trouverait en Europe chez Princesse Tam Tam, Rip Curl ou Oxbow par exemple, pour cinquante, soixante euros. A Fortaleza ils sont à quelques reais, c'est à dire à un ou deux euros. Et la présentation, comment dire, il n'y en a pas. Les maillots se trouvent en très gros tas sur une planche, le haut tout simplement noué à la culotte. Les tailles sont 'petit', 'moyen' ou 'grand'.

Malgré le fait qu'il y a des Brésiliens très blancs (mais principalement dans le sud du Brésil), et que moi j'ai pratiquement la peau mate à la force d'être au soleil, un des vendeurs voit que je ne suis pas Brésilienne, sans que j'aie dit un mot. Il faut savoir que pour un Européen les vendeurs et vendeuses brésiliennes ont un rapproche des clients tout à fait particulier. C'est de la drague pur et simple, et pour eux c'est normal. On t'appelle mon amour, on te touche, une vendeuse peut le faire à un homme même s'il est accompagné par sa femme.

Moi j'aime beaucoup ça et je me laisse donc tranquillement draguer par ce vendeur qui en même temps fait de son mieux de me trouver un bikini qui me plaît. Ce que j'aime des bikinis brésiliens est la culotte: elle est étroite derrière, sans pour autant être un string, mais bien plus étroite que celle des bikinis français. Inutile de dire que ça mettra en valeur un joli cul. Le choix sera difficile, autant de plus qu'en même temps je plonge mon regard dans les yeux bruns de mon interlocuteur, je balade mes yeux sur ses bras musclés, sa peau bronzée, j'imagine comment sera le reste de son corps, serait-il tatoué ....   enfin, pour cinq reais j'achète un joli petit modèle à fleurs vert pomme avec un soupçon d'orange.

Je vais aller voir ma copine qui, peu soucieuse de la continuation de son stand--ben oui, elle est Brésilienne--m'amène chez elle. Car elle a aménagé dans une nouvelle maison avec sa fille et son nouveau compagnon, et elle a envie de me montrer son habitation. Elle a une superbe maison dans un beau quartier, rien à voir avec la petite maison où je loge dans la rua Pentecoste, quartier populaire, où on est au moins huit plus un chien pour trois chambres et une salle à manger. Je dis "au moins huit", car les familles brésiliennes sont très accueillantes, et on peut toujours venir loger chez eux, même à l'improviste. Ma copine a une superbe maison moderne et la déco n'est que design. Une chose qui m'est restée en mémoire, est que dans un coin du salon il n'y a pas de plafond et on voit le ciel: clin d'oeil de l'architecte. A ma remarque elle rigole: il ne pleut jamais à Fortaleza.

tabacQuand je rentre il fait nuit. Si proche de l'équateur il y a un très bref crépuscule de quelques minutes et il fait nuit à six heures du soir pile, toujours. Je le sais mais à chaque fois ça me surprend. Je rentre à pied et je traverse un quartier où il y a des petits magasins typiques: ils y vendent des haricots qu'on prend avec une pelle dans des gros sacs, du tabac noir à mâcher au rouleau, des hamacs. Le quartier est silencieux et vide, et il y a un léger odeur d'ordures.centro2

Comme prévu toute la famille de senhora Jovina est devant la télé, aussi bien Yuri qui accessoirement fait ses devoirs pour demain. Idalina me rechauffe le feijao com arroz que je mange depuis des semaines. Je me sers un soda à base de guarana (pas un vrai guarana, sinon je ne dormirai plus de la nuit!) Vers vingt-trois heures chacun accroche son hamac dans les coins d'une pièce pour dormir. Et trente minutes plus tard il y a un très jeune et beau cousin de la famille, qui se glisse entre l'air frais du ventilateur et ma peau chaude.

Quand, des semaines plus tard, je repars pour l'aeroport, dans une voiture qui n'a plus de suspension arrière et l'essieu fendu, avec je ne sais combien de membres de la famille à l'intérieur, senhora Jovina me donne sa bague. Une bague simple en argent, Jésus sur la croix, pour moi une pièce unique.

Tant de souvenirs qui me restent en mémoire quand, aujourd'hui, je remets mon petit bikini brésilien vert pomme, un des nombreux bikinis que j'ai emporté de là-bas.

Publicité
Commentaires
C
Bon ben, P-J nous a lachement abandonné pour aller faire un voyage totalement futile à Paris, suivre une quelconque semaine de la mode, et ceci même sans venir passer me faire un petit coucou dans ma campagne, et il nous laisse avec ce suspense... qui a gagné son concours du bikini ??? (non mais P-J je ne t'en veux pas!)
C
Latil > Merci... c'est vrai qu'ils sont bien heureux souvent tout simplement à cause de cette insouciance! Merci de votre visite.
L
J aime cette nouvelle pleine de soleil et d insouscience un peu comme les habitants.<br /> "on peut toujours venir loger chez eux", simplement merveilleuse cette phrase!<br /> Amicalement Latil
C
Cécile > caralho ! (tu connais mon prof!)<br /> <br /> Pierre-Jean > hé ben, c'est pas trop tôt, ceci dit, j'ai enlevé une erreur d'orthographe depuis. Alors qui gagne ?<br /> <br /> Berthoise > Oui, et c'est marrant, j'ai pourtant vu d'autres pays, celui-ci m'a laissé les souvenirs les plus imprimés dans la mémoire.
B
Joli souvenir.
Ce blog a été éliminé
Publicité
Publicité